Je l’avoue, je déteste répéter. Et oui, je suis de celles et de ceux que devoir répéter dérange profondément.

Chez moi, ça déclenche toutes sortes de réactions: de l’agacement à l’impatience en passant par l’exaspération et l’incompréhension. Et ces réactions suscitent toujours la même remise en question. C’est d’ailleurs probablement pour ça que je déteste tant répéter.

«Pourquoi dois-je encore répéter? Est-ce moi qui n’ai pas été suffisamment clair ou l’autre qui n’était pas assez à l’écoute?» Je me lance alors dans un processus d’introspection et d’analyse de la communication. Pour en arriver, la plupart du temps, à cette conclusion: je n’ai pas été assez explicite et c’est MOI qui ai fait preuve d’une mauvaise écoute. Je m’exaspère donc moi-même!

La plupart des gens considèrent la communication comme un processus évident que je résumerai de manière rudimentaire: je m’exprime, tu m’écoutes, tu me réponds, je t’écoute, je te réponds. Vu comme ça, ç’a l’air facile. Mais ce ne l’est pas tant!

Si une communication échoue, il y a plusieurs raisons aussi valables les unes que les autres. Mais la principale cause est le manque d’écoute, à la fois de l’autre et de soi-même.

Tout ne repose donc pas sur les épaules de votre interlocuteur. Et il n’est pas le seul à blâmer si votre message ne se rend pas, comme je le soulignais dans ce précédent billet.

L’écoute est toujours la clé. Vous demandez à l’autre de vous écouter mais vous, êtes-vous à son écoute et à la vôtre?

Être entendu est un droit, écouter est un devoir

Épictète, un philosophe de l’école stoïcienne, aurait déjà dit: «Savoir écouter, c’est un art.» J’ajoute que c’est une discipline qui demande un entrainement quotidien, un travail sur soi à l’échelle d’une vie d’apprentissage.

Pourquoi? Parce que l’écoute active n’implique pas que le sens de l’ouïe. Elle réfère aussi à l’acuité visuelle; met à l’épreuve le sens de l’observation et les aptitudes intuitives; ne focalise pas que sur le propos. Elle doit également se concentrer sur ce que le regard et l’attitude de l’autre nous disent, comme sur notre propre état d’esprit au moment de la communication.

En effet, pour communiquer efficacement et consciemment, il convient d’être présent à soi au moins autant qu’à l’autre. S’engager dans une communication demande une totale disponibilité, une volonté sincère d’ouverture, une attention constante, une souplesse mentale propice aux échanges.

Il faut s’observer et s’écouter soi-même, d’abord, pour évaluer notre état d’esprit. Suis-je disposé à l’investissement personnel que requiert la communication verbale ou écrite?

Si je ne suis pas dans le bon état d’esprit ou n’ai pas l’énergie requise pour engager une discussion verbale ou un échange écrit sur des bases saines, il est sans doute préférable de surseoir à la communication et de la reporter.

L’aptitude à l’écoute n’est pas innée

La capacité d’écoute s’apprivoise, s’apprend et se développe patiemment avec le temps et l’expérience. Cela exige un effort constant.

On nous apprend à parler, ce que nous faisons en général plutôt (trop) bien, avant même que l’autre ait fini de s’exprimer. Mais on ne nous apprend pas à écouter avec attention, ce qui est la base de la communication consciente.

Si l’autre n’a pu compléter son argumentaire parce que mon esprit a déjà commencé à formuler la réplique et que je l’ai interrompu, comment puis-je lui répondre de manière pertinente? Si je suis «ailleurs», concentré sur la préparation de ma réponse pendant qu’il exprime son argument, comment puis-je retenir l’essence de son propos?

L’aptitude à l’écoute est, de fait, un apprentissage autodidacte qui demande introspection, maîtrise de soi, intelligence émotionnelle, persévérance, humilité, indulgence, bienveillance. Personnellement, j’y travaille en permanence. Peut-être qu’ainsi, j’arriverai un jour à ne plus devoir répéter…

Je vous laisse sur cette citation que j’aime bien, attribuée à un autre philosophe grec de l’Antiquité, Zénon d’Élée : «La nature nous a donné une langue et deux oreilles afin que nous écoutions le double de ce que nous disons

Qu’en pensez-vous? Ai-je besoin de répéter?